Les philosophies appliquées

En tant qu’École traditionnelle, nous considérons que notre pratique ne se limite pas qu’à l’aspect physique. Elle intègre des concepts philosophiques orientaux dont l’apprentissage dépasse les aspects historiques et théoriques. Utilisées dans les actions physiques et intellectuelles du pratiquant, ces philosophies sont dites « appliquées ».

Les trois enseignements

Les trois enseignements que sont le Taoïsme, le Confucianisme et le Bouddhisme sont des philosophies chinoises ancestrales qui ont grandement contribué au développement et à la grandeur de la Chine.

Fusionnés au VIe siècle sous le nom de Sān Jiào (三教), ces trois enseignements régissent toutes les sphères de la société chinoise, telles que la culture, la religion ou la philosophie. Selon les périodes et le domaine, l’un de ces trois courant peu dominer les deux autres, néanmoins, il est très rare de voir totalement disparaître l’un de ces aspects.

Les arts martiaux traditionnels chinois ne font pas exception à la règle et, le Pak Mei, s’appuyant sur ces trois enseignements de façon homogène, nécessite une compréhension progressive du pratiquant, sans quoi, il sera bloqué dans son parcours des arts martiaux.

Le Taoïsme

La philosophie taoïste évolua à partir des premiers écrits traitant du Yi King (Yì Jīng 易经) [Prononcer Yi Ting] (livre canonique des transformations) et de la science énergétique, remontant à environ 5000 ans avant. J.-C.

Cependant, ce n’est qu’aux alentours du Ve siècle avant J.-C. que Lao Tseu (Lǎo Zǐ 老子) condensa l’essentiel des croyances taoïstes philosophiques et mystiques dans son ouvrage, le Tao Te King (Dào Dé Jīng (道德经)), livre de la Voie et de la Vertu. Il fut considéré comme le fondateur du Taoïsme grâce à ce livre.

Lao Tseu Représentation de Lao Tseu

Le taoïsme fut la première véritable science orientale portant sur l’étude de l’univers et des lois qui le régissent. Entre autres, le symbole du Tao (Yin et Yang), expliqua la dualité des forces qui gouvernent l’Univers.

Cette science définit aussi le concept des 5 éléments, associés à 5 organes chez l’être humain. Le taoïsme proposa ainsi que l’homme (microcosme) était fait à l’image de l’Univers (macrocosme) et qu’il était composé de la même énergie, donc assujetti aux mêmes lois de fonctionnement. C’est grâce à cette réalisation que les taoïstes développèrent un corps de connaissances ainsi que des pratiques spécifiques à la santé et à la longévité.

Le taoïsme fut la source de beaucoup d’enseignements dans les arts martiaux ainsi que la médecine orientale, et est aujourd’hui indissociable de la culture asiatique.

Lao Tseu Lao Tseu devant le Tao

Le Confucianisme

Confucius (551 à 479 av. J.-C.) élabora cette philosophie traitant principalement des problèmes de la vie en société et des règles d’harmonie sociale. Il établit les principes moraux d’une société hiérarchisée qui devaient être à la base du bon ordre social.

De son vivant, Confucius n’arriva pas à faire adopter sa doctrine aux puissants rois et aux seigneurs de la guerre, mais ses enseignements furent immortalisés dans son unique ouvrage : Les Entretiens. Ses disciples perpétuèrent ses enseignements jusqu’à ce que l’empereur Han Wudi (149 à 87 av. J.-C.) instaure le Confucianisme comme doctrine universelle de l’empire du Milieu. Ce système politique perdura jusqu’au 20ᵉ siècle.

Confucius Représentation de Confucius

Les enseignements de Confucius définirent clairement cinq rapports relationnels : roi-sujet, époux-épouse, père-fils, frère aîné – frère cadet et ami-ami. Chacun de ces rapports impliquait des règles de conduite morale spécifiques, et chaque rôle social était associé à un ensemble de devoirs et obligations à remplir, ainsi que qualités à cultiver.

Le confucianisme influença donc grandement de la culture orientale, et guide encore les arts martiaux traditionnels grâce à ses principes de hiérarchie, de relation maître-disciple, ainsi que de comportement idéal de l’homme noble.

Deux pratiquants de grades différents se saluent Le respect de la ceinture et des grades est l'un des aspect confucéens du Kung Fu

Le Bouddhisme

Le Bouddhisme fut fondé par Siddhartha Gautama, le Bouddha, qui vécut au Ve siècle av. J.-C. Ce dernier était un jeune prince de la tribu indienne Sakyamuni qui à l’âge de 29 ans quitta le confort de son palais pour une quête spirituelle, et trouva l’éveil 6 ans plus tard, en méditant sous un figuier. Il consacra le reste de ses jours à l’enseignement, jusqu’à sa mort, à l’âge de 80 ans.

Le Bouddha enseigna entre autres à ses disciples le concept des quatre nobles vérités, le concept du Karma, par lequel les hommes sont assujettis à la réincarnation, ainsi que le concept du non-soi, ou l’illusion de soi.

Il proposa donc une méthode et des pratiques pour accéder à la vraie nature fondamentalement bonne de l’être humain, comprendre et suivre son Karma, ainsi qu’atteindre l’illumination, ou nirvana, pour mettre fin au cycle des réincarnations.

Visage de Bouddha Statue de Siddhartha Gautama (Bouddha)

En Chine, c’est presque mille ans plus tard que l’engouement pour la philosophie bouddhiste commençait, et c’est à cette époque que plusieurs temples consacrés aux pratiques et rituels bouddhistes furent construits. Un de ces temples allait plus tard devenir très célèbre, il portait le nom de temple de la jeune forêt, ou Shaolin.

Les enseignements bouddhistes furent donc transmis de génération en génération, et plusieurs institutions ayant pour but la protection et la transmission de ces connaissances apparurent et disparurent au fil du temps.

Le Bouddhisme se répandit partout en Asie et façonna profondément la culture philosophique orientale. Encore de nos jours, cette philosophie occupe une place centrale dans les arts martiaux issus du système Shaolin, entre autres grâce à ses notions de maîtrise de soi et de Karma.

Moines Shaolin Moines Shaolin en représentation

École traditionnelle

Dans le monde des arts martiaux, on distingue deux types d’écoles : les clubs et les Écoles traditionnelles.

Les clubs

Enseignant des techniques accessibles et efficaces, ces écoles s’apparentent plutôt à des clubs sportifs.
L’état d’esprit circulant dans ces structures tourne le plus généralement autour de l’entraînement et de la compétition, facteurs importants de motivation.
Parmi les écoles de Kung Fu, les enseignes Wu Shu font le plus souvent partie de cette catégorie (voir Précision sur le terme Kung Fu).

Compétition de WuShu Compétition de WuShu

Les Écoles traditionnelles

Issues d’organisation anciennes ayant survécu au temps et filtré les principes essentiels de la pratique, ces écoles visent à une amélioration générale de l’individu.

Moins immédiat et plus profond, l’enseignement des Écoles traditionnelles est un long cheminement et un combat intérieur qui permet avant tout de se vaincre soi-même.

Ainsi, le développement du corps n’est que l’une des caractéristiques développée dans ces Écoles. D’autres aspects sont présentés dès le départ par la découverte théorique et pratique des philosophies orientales et des principes élémentaire des arts martiaux. Certains concepts plus avancés sont intégrés tout au long du parcours de l’artiste martial.

Ces enseignements avancés dépassant ne sont transmis qu’aux élèves suffisamment avancés sur différents plans.

Bol traditionnel Le bol est sonné avant le cours

Notre École

Voici quelques points qui définissent notre établissement comme École traditionnelle.

  • La philosophie, exposée de façon claire et concise par les instructeurs, occupe une place centrale dans notre enseignement. Elle ne se limite pas qu’à un aspect théorique, mais est appliquée dans les techniques et les prises de décision du pratiquant.
  • En tant que composant fondamental des arts martiaux, le combat est enseigné et pratiqué à niveau avancé, néanmoins, cet aspect reste facultatif pour les pratiquants souhaitant se concentrer sur d’autres aspects du Kung Fu.
  • L’enseignement de notre École repose sur la transmission du style Pak Mei par les Grands Maîtres de notre lignée. Tout pratiquant avancé est capable de citer leurs noms et d’identifier leurs générations.
  • Nos instructeurs ne se sont pas attribué leurs grades par eux même, ont gravi progressivement leur cheminement sur la route des arts martiaux et sont capables de démontrer leur niveau en toutes circonstances.
  • Chaque pratiquant étant unique, l’instructeur est capable d’adapter son enseignement pour garantir à chacun la meilleure progression possible tout en respectant ses particularités et son rythme.
  • Nous veillons à garantir un climat propice à l’apprentissage au sein de l’École. Dans ce cadre, les instructeurs sont polis et courtois en toute circonstance tout en restant dynamiques et directifs pendant les cours. Les élèves, quant à eux, sont invités à maintenir une attitude disciplinée et respectueuse durant les cours et amicale en dehors des cours.
  • Nous nous appliquons à maintenir une atmosphère appliquée, positive et conviviale au sein de l’École, guidée par un fort esprit d’équipe et l’amour de la pratique.
Statue du Bouddha d'eau Autel traditionnel Notre autel

La règle de Jade

Photo d'un élève de dos lisant la règle de jade La règle de jade est consultable sur notre lieu de pratique

La règle de jade attribuée à l’enseignement du Grand Maître Nam Anh constitue un mode de pensée propre à notre École.

Affichée au cœur de l’École, dans la salle de pratique, elle rappelle aux élèves le sens de leur pratique et accompagne leur compréhension des philosophies appliquées au Kung Fu.

  1. Comprendre l’essence de la vie et de la mort et vivre en conformité avec les lois naturelles qui en découlent par le culte indispensable de la valeur individuelle et de la personnalité Vraie de l’être humain.
  2. Vénérer la primauté de la Grande Voie et, entre autres, respecter et reconnaître l’autorité des Grands-Maîtres et des enseignants.
  3. Promouvoir activement notre philosophie et la belle science des arts martiaux par la Voie Royale, empreinte d’humanité et de tolérance, dans le respect du patrimoine culturel oriental.
  4. Garder l’esprit ouvert à la recherche et à la considération d’autres dimensions éthiques, scientifiques et philosophiques.
  5. Cultiver intensément les sentiments nobles d’amour, de fraternité et de solidarité dans une communion parfaite émanant de soi.
  6. Entrevoir un long cheminement, donc savoir préparer l’esprit par la loyauté, et le corps par la persévérance.
  7. Lutter contre toute cause de déséquilibre de l’ordre naturel et contre toute atteinte à notre discipline philosophique en se gardant d’égocentrisme, de jalousie et de toute discrimination, notamment celles fondées sur la race, le sexe ou la religion.
  8. Éduquer et redresser les autres en tenant compte de leur nature et de leur intelligence.
  9. Vivre dans l’harmonie du ciel et de la terre par la connaissance de la vie et de la mort dans le respect du karma de tous et chacun.